Serment des Ruines et Crépuscule
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 Blasphème, conté à Millénium.

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Blasphème

Blasphème


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Date d'inscription : 10/02/2015

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MessageSujet: Blasphème, conté à Millénium.   Blasphème, conté à Millénium. Empty10/2/2015, 8:32 pm

Blasphème sourit. Elle qui pensait avoir dégoté un noble plein de principes, voilà qu'elle avait fait fausse route. Sans un mot elle se leva et vint s'installer sur le lit, à côté de Millénium, tout en laissant l’arrête de poisson immonde traîner sur la table.

-Je manque encore de discernement, il faut croire que tu n'es pas celui que je pensais.

La femme serpent ferma les yeux quelques secondes. C'était son tour maintenant... C'était moins glorieux mais peu importait. Elle allait tout révéler, sans mensonge, sans rajout, sans rien enjoliver... La vérité et les faits se suffisaient à eux même.

-J'ai donc 226 ans. Je suis née quelque part, mais j'ai grandit dans un de ces orphelinats que l'on trouve au coin des ruelles. De mes parents, nul souvenir mais de la gouvernante qui m'a élevée avec mes camarades j'en possède plein. C'était une femme aimante, juste et sévère sans outre mesure. Je n'ai jamais eu à m'en plaindre, bien au contraire. A l'époque, j'étais une jeune fille normale, seuls mes cheveux rouges et une taille anormalement petite me démarquaient des autres et firent deviner à la gouvernante que je possédais quelques pouvoirs. Quand tous mes camarades furent en âge de sortir de l'orphelinat, je fus farouchement gardée. N'ayant jamais connu le monde extérieur je m'étais accoutumée à ma prison et je m'efforçais d'y faire le bonheur de chacun.

Un sourire énigmatique éclaira quelques secondes les lèvres de Blasphème. Il lui semblait que cette époque révolue faisait partie d'une autre existence... Et pourtant...

-Durant plus d'un siècle j'ai enseigné les arts magiques aux orphelins qui avaient un don. Je ne savais alors que transmettre ce qui était considéré comme "bien", d'ailleurs la mort m'était bien étrangère... Jusqu'à cette nuit du 18 brumaire... Cette nuit sans lune que je n'oublierai jamais.

L'aquamancienne leva sa main et fit apparaître dans la chambre un nuage de vapeur d'eau qui forma bientôt une armée vaporeuse:

-Cet orphelinat était sous le commandement du roi Galoregor. Jusqu'alors, je n'avais jamais entendu parler de son existence ni de la guerre faisant rage sur les terres d'Alidhan. Nous étions comme dans un cocon, ignares et béats et seule l'éducation des orphelins nous importait. La guerre cependant nous rappela à elle sous forme de deux troupes qui tuèrent tour à tour tout ce qui était sur leurs passages... La première était bleue, la seconde était verte. En deux nuits, il ne resta plus rien, sauf moi que la grâce du ciel avait épargnée... Mais défigurée.

Le charnier immonde qui s'était alors formé sous ses pieds revint dans sa mémoire comme un douloureux soufflet. Blasphème serra les dents avant de continuer:

-J'ai survécu plusieurs années à mendier, cacher mon visage et glaner ci et là quelques informations sur la guerre faisant rage. Mon ignorance m'avait valu bien des moqueries tandis que mon visage lacéré mêlé à mon nanisme effrayait chaque passant. Dans ces conditions, je me suis demandé alors pourquoi les dieux m'avaient laissé la vie et c'est quand je pensais que tout était sans espoir que la providence sembla à nouveau me sourire.

Le nuage retomba et la pièce reprit son apparence originelle. Blasphème, les yeux plus incandescents que jamais continua alors son récit:

-Une troupe de forains me prit sous son aile... Ou plus exactement m'enleva au détour d'une route. Ils m'affublèrent d'un masque au long nez et me nommèrent Blasphème, la femme aux deux visages. Ma laideur leur fit gagner quelques grasses intentions et loin de demander ma part je me contentais alors de mon repas du soir. La richesse n'avait à mes yeux aucun attrait, qu'aurais-je alors fait d'une bonne fortune ? Rien... Avant de penser au futur, il fallait d'abord que je me reconstruise... Et lors d'une représentation je fis la rencontre de Keyôbura, le baron d'une guilde combattante qui m'acheta pour une bonne somme aux forains.

Un brin nostalgique, la femme serpent continua:

-C'est lui qui m'a enseigné l'art du combat, qui m'a offert mes premiers équipements, qui m'a donné les meilleurs conseils. Il voyait en moi autre chose que la naine défigurée et nourrissait dans mes pouvoirs un espoir incompréhensible. A ses côtés, j'appris l'honneur, la bravoure et surtout la fidélité au Roi. En ce temps, rien ni personne n'aurait pu détourner mon regard des royalistes et je me serai battue jusqu'à la mort pour lui restituer son trône... Pour lui, nous avions raflé des tas de forteresses à Merulik, attachant son étendard écarlate aux yeux de tous. Naturellement, je ne te cache pas que Keyôbura devint mon amant. J'espérais que le conte se finisse bien, avec un "et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants"... Vous voyez ? Je pensais qu'enfin j'avais moi aussi le droit au bonheur... Que nenni.

Nerveusement, Blasphème se mit à rire, laissant un instant sa gorge écaillée déployée, se moquant elle-même de sa propre situation.

-Petit à petit, la guilde des Sanguis Royalists se disloqua. Les gens partaient de toutes parts et je fus l'une des dernières résistantes d'une époque déjà révolue. Keyôbura, puissant magicien, se transforma en femme avant de s'éloigner toujours plus profondément dans les ténèbres. Une fois de plus, je me retrouvais abandonnée et mes espoirs s'amenuisaient. J'avais bien un ami, Rand, mais lorsque je voulus rejoindre les siens je trouvais portes closes. Résignée, je pensais que personne ne voudrait plus de la naine défigurée que j'étais alors. Peu de temps après, j'appris la mort de Keyôbura et je m'apprêtais à le rejoindre... Quand le chemin décida une fois de plus de reculer l'heure de ma mort.

Un sourire, un hochement de tête et Blasphème s'allongea à côté de Millenium.

-Par hasard, j'ai croisé la troupe de Jilano: les Aeternum Vale. Ce qui était appréciable, c'est que tous ou presque connaissaient une tare physique... Mon intégrations fut cependant difficile, les Sanguis Royalists m'avaient laissé des séquelles et je dus petit à petit abandonner les valeurs qu'ils m'avaient inculquées. J'ai alors commencé à voler, à boire plus que de raison et à chercher des noises à tout va. Les gens de raison diront que la folie m'a alors gagnée mais en vérité, c'est la liberté qui m'a emportée. Petit à petit, je découvris chez les royalistes un climat étouffant, oppressant et je me rendis vite compte que les troupes royales étaient menées par une minorité qui était loin d'être la meilleure. Je n'avais aucune envie de suivre les directives d'une oligarchie mal organisée qui ne savait qu'imposer leur loi ridicule à chacun. J'accepte de suivre le rang et le mouvement, mais n'étant pas un mouton dénué de sens je ne comptais pas me laisser faire. Je ne participais donc plus à aucune forteresse et passais mon temps à faire les poches, à tout le monde, même aux miens.

Un large sourire se dessina sur les lèvres de l'aquamancienne. Quelques missives de menace lui revenaient en tête, plus amusantes les unes que les autres.

-Les Aeternum Vale semblaient aussi las de cette ambiance particulièrement désagréable et après plusieurs hésitations, nous avons tous décidé de quitter le fanion écarlate pour rejoindre le cramoisi. Bien entendu, tout ceci ne se fit pas sans hurlements, sans accusations de traîtrise et j'en passe... Comme si le refus d'asservissement était une trahison... En même temps, on peut aisément comprendre la colère des petits chefs sans autorité, perdre la guilde de Jilano n'était pas peu de chose !

Elle se souvenait, Blasphème, des surnoms ridicules que certains portaient. Elle qui avait d'abord cru que les royalistes étaient un alignement sérieux, elle avait laissé derrière elle une majorité de guignols... Et la Alth, seul rubis que comptait encore la couronne. L'aquamancienne espérait qu'ils ne changent pas.

-Depuis que je suis de l'Aeternum Vale, Mio s'occupe de moi. Ce n'est pas un homme bien, c'est un voleur, un assassin et un spécialiste des piques bien assénées. Je suis persuadée que je pourrais trouver mieux pour accompagner mes jours du moment... Surtout qu'il m'a acceptée naine et défigurée tout comme il accepte ma nouvelle condition. Mais je sais, cela t'intrigue, tu veux savoir comment je suis devenus une femme serpent hein ? Hé bien... c'est tout simple.
Ah, il se faisait tard, son histoire était longue, mais l'homme avait voulu savoir... Alors il était servi.

Dans la guilde, je suis conteuse d'histoires. J'en ai de tous les styles même si j'ai un penchant particulier pour la grivoiserie. Cela me valut un rang de chevalier, tombé de nul part... Et je dois bien avouer que ça a redonné un sens à ma triste vie. Quand j'eus assez de puissance, les dieux me permirent d'affiner mes savoirs et de devenir aquamancienne. Ils m'ont en même temps affublés d'un nouveau corps que voilà... Qui est beau magicien est bel aquamancien... Mais qui n'est pas beau à la base ne le devient pas après. Vile et perfide, le serpent me fut attribué, malheureusement je ne suis pas encore bien venimeuse... j'espérais que tu aurais pu m'y aider.[/b]

Blasphème resta silencieuse quelques instants.

-Ma guilde habite les terres enneigées, au Nord. Je suis obligée de redescendre fréquemment, étant de sang froid. Mon second domicile est ici, bien que ma chambre change. Ici, j'y fais tout: de l'artisanat et des recherches... Voilà. Tu sais tout maintenant.

La femme serpent se releva, s'étira et jeta un oeil sur son invité, espérant ne pas l'avoir endormi avec son assommant récit.

[suite de l'histoire, bien après Millénium]

Une capuche noire s'est avancée, capuchon sombre méconnu de tous, oublié sans doute mais déterminé à retourner auprès des siens... Ou plutôt du sien.

Maintes fois, Blasphème la trop bien nommée avait été abandonnée, tantôt par des modèles, tantôt par des mentors et si elle avait été jetée en pâture aux brigands sans trop savoir pourquoi, elle savait aujourd'hui qu'elle ne voulait pas quitter le trou à rats. Depuis de longs mois -une année ? plus ? comment le dire ?- La femme tantôt naine, tantôt serpent avait erré de tavernes en tavernes, cherché un terme à sa solitude au fond de chaque chope et détroussé au hasard des routes quelques marchand déjà désargentés. Elle qui avait été si belle après sa renaissance se vit flétrir de jour en jour, sa peau était victime de desquamations massives et successives, ses vertèbres se tassèrent et bientôt elle dût se résoudre à remettre son masque. Jamais elle ne fut vue sans bouteille de vin et ses vieilles habitudes refirent bien vite surface. Blasphème reparlait comme une charretière, buvait comme un trou et avait retrouvé son caractère boudeur et solitaire. C'était la seule chose qui l'avait sauvée jusque-là, depuis ses débuts chez les royalistes et...

Et son histoire, ceux qui doivent la connaître la savent, elle n'a plus cœur de l'écrire.
Sa dernière fuite fut la plus longue de toutes... Et ses recherches furent vaines.


-Nan mais tu crois quoi, toi ? J'dis rien sans qu'tu payes ta tournée !

*Ok, je paye ma tournée*

-BLEUUARRRGGGGG !!!

*Regarde ses chaussures couvertes de vomi*

-Bah mon gars, c'tait celle d'trop celle'là ! Huhuhu...

Après ses escapades infinies à la recherche du meilleur vin existant sur les terres d'Alidhan, elle en arriva à la conclusion suivante: de partout, dans tous les coins, à tous les prix et à toutes les sauces chacun ne servait que de la vieille piquette. Le bon vin n'existait pas, d'ailleurs avait-il déjà existé ? Petit à petit, même la bière lui parut amère bien qu'elle ne put plus se résoudre à passer une journée sans en boire un tonneau entier. Consciente de n'être plus qu'une loque, elle avait pensé boire sa dernière bouteille de vin infusée au ciguë et c'est quand elle approcha le verre de ses lèvres que ces dernières tremblèrent:

-Mio.

Il fut comme une évidence dans les ténèbres qu'elle pensait rejoindre. Elle savait qu'elle ne s'avouerait pas vaincue avant de continuer sur le chemin qui se présentait aujourd'hui à elle comme une évidence. Mio avait toujours été une force dans l'ombre (mouais, parfois ils ont aussi fait ça en plein jour hein x) pas la peine de lui répéter qu'il s'est tapé un laideron, il le sait déjà), elle savait qu'il n'abandonnerait pas facilement les terres d'Alidhan ni sa horde brigande dont il avait prit la tête. Peut-être serait-il heureux de retrouver "sa frivole" et qu'il désirerait passer à nouveau du bon temps avec elle... Même si elle était à nouveau naine et défigurée.

Blasphème n'a plus vraiment de volonté, tant qu'on la laissera tuer, voler, se moquer et insupporter les autres elle se sentira heureuse. Rien n'est plus important que la liberté qu'elle pense trouver, avec s'il vous plaît boisson et Mio à volonté.
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